Essayer De Ne Pas Rire 2012

Or la libert se constate et ne s'explique pas; elle est, la considrer en elle-mme, sans causes et mme sans motifs.

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Le rire et le simple sourire que la joie fait natre, ne prsentent aucune difficult.

La joie, le plaisir consistent en effet en une sorte de dilatation, par opposition au resserrement que la douleur, tous ses degrs, amne avec elle; la joie et le plaisir sont insparables de la libert.

Cet apptit apais, ces couleurs claires, ces regards et ces gestes de l'enfant, l'arrive d'un ami, le succs des efforts, que de raisons de joie, que de motifs pour rire ou sourire!

Mais nous n'avons l, si nous y regardons de prs, que des causes indirectes et en quelque sorte ngatives: elles suppriment les obstacles, elles cartent ce qui empchait la manifestation de l'tre.

Ainsi compris, le jeu est incompatible avec toute ide de but atteindre, de besoin satisfaire, de proccupation.

Il suppose au contraire l'absence de toute proccupation, de tout besoin, ou plutt il est tout le besoin, toute la proccupation du moment. Sans doute, l'entendre ainsi, les animaux eux-mmes sont capables de jouer.En son fond, l'tre est libre et, par cela mme, heureux; mais il est soumis, dans son dveloppement, des contraintes de tout genre qui, pour ainsi dire, le drobent quelquefois lui-mme. Lorsque la pluie a dissous les nuages ou que le vent les a disperss, c'est indirectement que le vent ou la pluie font briller le soleil. Le plaisir par lui-mme est la libert qui se confond avec l'tre, qui est et que rien ne produit: c'est le pur sentiment joyeux de vivre, sans raison et sans but, et dont le rire est le reflet. Rien de plus contagieux que cette libre dilatation dont le rire toujours prt se montrer est l'expression plus ou moins bruyante, que cet panouissement de l'tre, cette joie de vivre.Nous jouissons du bonheur des autres, s'ils nous sont mme indiffrents, de leur sant, de leur gaiet; nous en rions.Sans doute, elle offre rarement cette puret; elle se complique avec une singulire facilit d'lments trangers qui en altrent la vraie nature.J'aurai distinguer ces varits du rire comique quelquefois si voisin des larmes et souvent si cruel.Comme il arrive souvent, ce caractre leur a chapp pour cette simple raison qu'il est trop connu et trop familier.La spontanit, ou mieux la libert mme, telle est en effet l'essence de l'agrable et du risible sous toutes leurs formes, et le rire n'est que l'expression de la libert ressentie ou de notre sympathie pour certaines manifestations, relles ou imagines, d'une libert trangre: toujours et partout, il est comme l'cho naturel en nous de la libert.Une toute jeune fille qui me parlait de ses promenades en libert avec une de ses amies la campagne me disait: Nous n'avions jamais tant ri; nous nous dilations notre aise.Le rire joyeux du petit enfant, celui qui apparat sur son visage quand il est rassasi, ou la vue de couleurs claires, ou l'apparition d'une figure familire, aime, exprime la fin d'une contrainte, la suppression de ce qui gnait, un affranchissement, un accroissement de libert.Il y a un certain nombre d'expressions populaires qui montrent combien est naturelle l'esprit l'ide d'une troite relation entre la libert et le plaisir.Le proverbe familier: O il y a de la gne, il n'y a pas de plaisir, n'est qu'une tautologie.